Avec la création de Solidarité Sida il y a presque 25 ans, Luc Barruet voulait faire rimer générosité et efficacité. Mission accomplie. Plus de 3 millions de jeunes ont déjà participé aux initiatives de l’association et près de 1 600 programmes d’aide aux malades et de prévention ont été soutenus dans 34 pays. Militant créatif et enthousiaste, animateur hors pair, Luc détonne par sa normalité et son pragmatisme à toute épreuve. À la veille de la 19ème édition de Solidays, il ouvre une nouvelle page de l’aventure.

Comment a commencé l’histoire de Solidays ?

En 1992, les statuts de Solidarité Sida n’étaient pas encore déposés en préfecture que le projet d’un festival contre le sida faisait déjà partie de nos ambitions. Mais nous étions jeunes et inexpérimentés. Il nous a donc fallu convaincre beaucoup de monde pour y arriver 7 ans plus tard. Heureusement, sur notre route nous avons croisé Jean-Jacques Goldman, François- Henri Pinault, Florence Parly et David Kessler (à l’époque conseiller de Lionel Jospin à Matignon). Sans eux, je ne suis pas sûr que la belle aventure de Solidays aurait vu le jour.

Vous avez l’habitude de dire que « Solidays est un outil de lutte contre la détresse humaine ». En voilà une belle mission pour un festival.

C’est vrai. Je rajouterais même, un outil performant. Solidays nous sert à récolter des fonds pour aider ceux qui souffrent, à rappeler un certain nombre de messages sur la sexualité à moindre risque, à rendre hommage à des militants du monde entier et à mobiliser l’opinion publique en faveur des droits des malades. Cela reste essentiel quand on sait qu’aujourd’hui encore 18 millions de personnes dans le monde vivant avec le VIH n’ont pas accès aux traitements.

Cette année, vous avez décidé de placer Solidays sous l’égide de l’aide au développement et d’interpeller le Président de la République. Pourquoi ?

En février dernier, Solidarité Sida s’est lancé avec soixante-dix autres associations dans une grande campagne de mobilisation de la jeunesse en faveur de la solidarité internationale et du développement. Baptisé Printemps Solidaire, ce mouvement a pour objectif d’obtenir de la France et de son nouveau Président la tenue d’une promesse vieille de 47 ans : consacrer 0,7% de notre richesse à la solidarité internationale et au développement. Nombre de nos voisins l’ont déjà atteint (Royaume-Uni, Danemark, Norvège, Suède, Allemagne, Luxembourg). Aujourd’hui, nous en sommes péniblement à 0,38%. Plus que jamais, nous avons besoin d’un « changement d’échelle ». Nous estimons qu’il est contraire à notre histoire et à nos valeurs humanistes de ne pas tenir cet engagement. 2017 doit être l’année du 0,7. C’est dans ce cadre que le 16 avril dernier, plus de 500 000 personnes ont manifesté en musique sur les Champs-Elysées. Une fois encore, Solidays servira de plateforme d’interpellation du politique face à la détresse humaine.