Delphine était en train de confectionner des rubans rouges à l’association. Nous lui avons demandé de nous en dire plus sur son parcours de bénévole pour Solidarité Sida et de nous raconter en quoi consistent ces fameuses opérations Rubans Rouges.

Bonjour Delphine, peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Delphine, j’ai 24 ans et je suis à l’asso depuis mars 2014. J’ai connu cette asso grâce à Xavier, mon copain, qui est bénévole depuis 2012 ou un peu avant. Dans la vie, en ce moment, je suis extra dans un bar et j’espère devenir barmaid. Je ne sais pas pour autant si c’est ce que j’ai envie de faire toute ma vie car j’aime bien tâter un peu de tout.

Peux-tu nous raconter ce que c’est qu’être bénévole pour Solidarité Sida ?

Ce qui est très intéressant, c’est qu’on fait vraiment ce qu’on a envie de faire selon le temps dont on dispose. On peut être bénévole à Solidays, ce que beaucoup de personnes connaissent et qui les motive souvent à s’inscrire en tant que bénévoles. Sur le festival, on peut changer chaque année d’équipe pour découvrir ce qui nous plait le plus et se sentir très utile pendant ces 3 jours. Il y a aussi les opérations Rubans Rouges :  on s’inscrit aux dates qu’on veut et on va dans les salles de concerts pour demander aux gens s’ils ont envie de faire des dons pour l’asso. En échange, on leur offre gratuitement un petit ruban, un petit badge, un petit magnet, un petit quelque chose de symbolique avec le ruban rouge dessus. Quand il y a des besoins d’aide spécifiques à l’asso, on peut aussi venir aider. Enfin, il y a le Gala annuel Solidarité Sida au Cirque d’Hiver où l’on peut être bénévole, soit avec des rubans rouges à l’intérieur, soit pour le montage ou le vestiaire. J’y ai été bénévole l’année dernière et je croise les doigts pour pouvoir le refaire le 28 novembre prochain ! Cette année, j’ai fait Solidays et pas mal d’opérations Rubans Rouges. J’essaie de toucher un peu à tout et également d’être disponible pour venir aider régulièrement.

Tu fais donc souvent des opérations Rubans Rouges ?

Cela m’arrive très souvent. Depuis la rentrée de septembre, j’en ai fait moins car j’ai eu moins de temps libre avec mes extras, mais j’en ai fait beaucoup en 2014, parce que je n’avais pas de travail à cette époque-là. De mars à octobre, j’ai fait énormément de dates de Rubans Rouges et également pas mal de distributions de flyers Solidays entre mars et juin. Cela fait du bien dans ces périodes de faire autre chose que de la recherche d’emploi. Je découvrais l’asso et je trouvais ça génial de me rendre utile. Comme les attributions de dates sont faites par tirage au sort, je n’étais pas forcément appelée tout le temps, mais comme ils cherchent souvent des personnes pour une salle de concert ou un artiste pas très demandés ou à cause d’un désistement de dernière minute, je me retrouvais au final à en faire trois ou quatre par mois et c’était génial. Je passais mon temps à distribuer des Rubans Rouges et à voir des concerts, c’était cool.

 

Quand vous faites des opérations Rubans Rouges, vous avez souvent le droit d’assister au concert après ?

La plupart du temps, oui. Il y a 2-3 salles qui se réservent le droit de nous dire non, parce que ce sont des salles assises, qu’il n’y a plus de places ou tout simplement parce que nous ne payons pas notre place et qu’ils ont le droit de nous dire non. On vient en sachant que la possibilité de ne pas pouvoir assister au concert existe. Pour ce qui est de la distribution de flyers en revanche, on n’a jamais le droit de rentrer dans la salle car l’opération a toujours lieu devant la salle. On ne voit pas le concert, mais on voit le public dehors et c’est tout aussi bien. La plupart des salles sont super accueillantes. Le staff est sympa, la sécu est sympa, les gens sont tellement cools qu’on rentre pour aller voir le concert et parfois même, on se fait des amis et ils nous proposent de revenir sans même passer par Solidarité Sida. Quand cela m’arrive, je trouve cela incroyable tellement c’est humain.

Et l’accueil des gens pendant les opérations Rubans Rouges, il est chaleureux ?

La plupart du temps, c’est chaleureux, accueillant, souriant et tout est génial, mais il arrive que l’on ait des réponses très particulières… Parfois c’est drôle et parfois c’est triste. Moi cela ne m’est jamais arrivé que l’on me rembarre, mais il m’est arrivé de sentir un malaise, que certaines personnes préfèrent faire de l’humour pour évincer le sujet. Parfois, on tombe sur des perles et il nous arrive d’en parler entre bénévoles. J’ai une personne une fois qui m’a déclaré : « Moi, je n’y crois pas ». Je lui ai demandé à quoi elle ne croyait pas, si c’était au sida et elle m’a répondu qu’elle croyait au sida mais qu’elle ne croyait pas à la cause. Cela m’a un peu déstabilisée, mais je lui ai parlé de la lutte contre le sida, de la raison d’être de l’asso…

Donc la plupart du temps, quand tu expliques que c’est pour Solidarité Sida, pour soutenir la lutte contre le sida, les gens ont envie de participer ?

Ce qui est marrant c’est que la plupart du temps, quand on leur dit que c’est pour soutenir la lutte contre le sida, les gens pensent directement Sidaction. D’un côté c’est bien parce que cela prouve qu’ils sont au courant que la lutte contre le sida existe et reste d’actualité, mais c’est aussi dommage qu’ils associent toujours cette lutte à Sidaction. Nous sommes là justement aussi pour discuter avec les gens, leur expliquer tout ce que l’asso fait et pas seulement pour collecter des dons. La plupart des gens sont contents d’en parler mais ne donne pas forcément : parce qu’ils sont jeunes et qu’ils n’ont pas beaucoup de sous, parce que c’est la crise… Mais parfois, quand ils prennent le temps de découvrir Solidarité Sida, à la fin ils se disent : « C’est une belle cause, il faut que je donne. ». En tout cas, chaque opération est toujours un moment étonnant : il y a des vieux qui ne donnent pas parce qu’ils sont persuadés que le sida ça n’existe plus et qu’on a trouvé un moyen d’en guérir, il y a des jeunes qui donnent alors qu’ils n’ont plus un sou, ils secouent leur porte-monnaie et ils donnent tout ce qui leur reste. C’est surprenant, il faut le faire au moins une fois pour découvrir.

Et toi, personnellement, peux-tu nous expliquer ce que cela t’apporte d’être bénévole pour Solidarité Sida ?

J’aime beaucoup tout ce qui est humain donc de base cette asso m’a tout de suite parlé. Je dois avouer qu’au début quand mon copain m’en a parlé, je me suis dit que c’était génial de pouvoir aller voir des concerts gratuitement… La réaction de base, trop nulle d’ailleurs (Rires), et au final je me suis inscrite en me disant : « Je vais aller voir des concerts et en plus c’est pour la bonne cause. ». Et très vite, je me suis surtout aperçu que c’était génial de pouvoir parler avec plein de gens, de faire réfléchir les gens sur le sida. Je me suis rendue compte que plus on faisait du bénévolat à l’asso, plus on en découvrait sur les gens et sur nous-mêmes, et accessoirement sur le sida aussi quand même.

Et cette année, tu étais bénévole à Solidays ?

Pour la 3ème année consécutive, j’étais bénévole au BDC (Bureau Des Campeurs) de Solidays. Il s’agit du QG des bénévoles camping, car comme nous sommes une des rares équipes à devoir être présente H24, nous avons un mini QG dédié afin de ne pas avoir à nous déplacer tout le temps au QG général. C’était très intense et assez fatiguant, mais j’ai eu l’occasion de rencontrer les 180 bénévoles du camping et l’impression de m’être fait un gros shot d’humanité avec des gens incroyables.

Cette année, c’était Solidays of Love, cela t’a évoqué quoi ?

Personnellement je ne suis pas trop amour, romantisme et compagnie donc le « of love » m’a un peu rebutée au début, et puis ensuite, j’ai pris cela comme un « of love » plus universel avec l’idée de rencontres, de melting-pot de gens et c’est finalement ce que j’ai vécu cette année encore car c’est vrai qu’il y avait beaucoup d’amour pendant cette édition, beaucoup de gens qui étaient là pour aimer et aider les autres, c’était beau !