Membre de l’association Alternatives Cameroun depuis 2010 et directeur des programmes depuis 2016, Joachim Ntetmen est psychologue de formation. Il connaît parfaitement le sentiment d’abandon des personnes atteintes du VIH et de leur entourage. Il résume sa mission ainsi : être un porteur d’espoir.

Quel est le rôle au quotidien d’Alternatives Cameroun ?

Nous sommes d’abord là pour écouter et évaluer les besoins des personnes qui viennent nous voir. Nous pouvons les aider à se faire dépister, les orienter vers un traitement qui fait souvent peur aux malades, les inviter à des groupes de parole, mettre en place un suivi personnalisé. Nous allons aussi parfois dans les familles pour faire une médiation car les malades peuvent être mis à l’écart. Dans tous les cas, la personne qui vient nous voir ressort toujours avec une perspective, quelque chose à faire, à mettre en place.

C’est une mission difficile, tu n’as jamais envie de faire autre chose ?

La société est dure, les familles sont dures, le monde du travail et dur envers ces réalités. Il y a la discrimination, la violence, le rejet, etc. Je suis moi-même passé par là, je connais tout ça. Et je suis réaliste, je sais que je mourrai avant d’avoir vu les choses vraiment évoluer, je sais que tout n’aura pas été résolu. Je suis surtout fatigué de devoir expliquer pendant des heures pourquoi mon engagement a un sens, alors que si j’étais médecin ou professeur, on me laisserait tranquille.

Mais tu continues à te battre…

Ah oui ! Ce qui me fait sortir le matin, c’est de savoir qu’il y a au moins une personne que je vais pouvoir aider à vivre mieux. À cette pensée, tout le négatif s’en va car il y a la perspective de l’espoir que je vais donner.

Et pour toi Solidays c’est un symbole de cet espoir ?

Exactement. C’est la preuve qu’il y a des choses encore possibles, que nous ne sommes pas seuls, que nous avons raison de continuer notre combat. Voir tant de monde réuni pour cette cause, ça me rassure. Impossible de baisser les bras après ça !