Il vivait à Chartres et il est venu à Solidays pendant plus de 10 ans en tant que festivalier. Depuis qu’il a emménagé à Paris il y a 3 ans, c’est tout naturellement qu’il a décidé de devenir bénévole à Solidarité Sida. Jérôme nous raconte ces 3 ans d’engagement.

Bonjour Jérôme, peux-tu te présenter rapidement ?

Je suis Jérôme, j’ai 32 ans et je suis juriste d’entreprise dans le domaine de la finance. Cela fait souvent sourire quand je dis mon métier, car traditionnellement les bénévoles à Solidarité Sida sont plutôt dans le social ou le médical (Rires).

Comment l’aventure à Solidarité Sida a commencé pour toi ?

J’ai connu Solidarité Sida par l’intermédiaire de Solidays. J’y ai été pendant des années avec des amis en tant que festivalier. À l’époque, j’habitais Chartres et je n’avais pas la possibilité de devenir bénévole. Quand je suis venu m’installer à Paris il y a 3 ans, c’était logique pour moi que je m’oriente vers Solidarité Sida pour m’engager.

En quoi c’était une cause qui te touchait particulièrement ?

Je trouve qu’elle est assez symptomatique de problèmes de la société actuelle et les valeurs promues par l’asso m’ont séduit. Je me souviens notamment de la campagne de Solidarité Sida « Des médicaments pour tous ». Je suis d’accord avec l’idée que la santé ne s’achète pas. Que chacun peu importe sa religion, sa couleur de peau, sa sexualité ou tout autre critère, devrait avoir accès de façon égalitaire aux traitements et à l’information.

Quelles ont été tes missions depuis que tu t’es engagé comme bénévole ?

J’ai commencé comme bénévole Rubans Rouges. Il s’agit de proposer des rubans rouges contre don libre avant les concerts. J’ai aussi participé plus ponctuellement dans le cadre de Solidays à des opérations de tractage et au montage du festival. Et depuis septembre, j’ai rejoint l’équipe Prévention. Je continue à faire des opérations Rubans Rouges, mais je suis désormais plus présent sur les actions de prévention.

À combien de Solidays as-tu participé ?

En tant que festivalier, j’ai dû en faire 10 ou 11, mais en tant que bénévole, je n’ai jamais pu. Cela fait 2 ans que j’ai à chaque fois un impondérable sur l’une des 3 journées. J’espère vraiment que cette année aucun élément extérieur ne m’empêchera d’y participer !

Peux-tu nous raconter comment se sont passées pour toi les opérations Rubans Rouges auxquelles tu as pu participer ?

Quand on porte le tee-shirt Solidarité Sida, la plupart du temps les gens sont super accueillants et bienveillants. Avant les concerts, c’est vraiment cool de pouvoir à la fois récolter des fonds et parler de l’association et de ses actions avec les gens. Même si, à l’inverse de ce que nous faisons avec l’équipe Prévention où nous avons tout le temps nécessaire pour parler de VIH ou plus généralement de sexualité, ce sont toujours des échanges très brefs. Je suis plutôt à l’aise avec cet exercice et j’ai un assez bon contact humain. Je trouve toujours cela intéressant quand il y a des enfants ou des ados avec leurs parents. Je me souviens d’une fois où le fait d’avoir prononcer les mots « sida », « capote » et « VIH » a débloqué quelque chose entre une mère et sa fille. La mère avait dit à sa fille : « Je t’en parlerai plus en détails ». C’est assez difficile en 20 ou 30 secondes de capter l’attention, mais c’est une réelle satisfaction de me dire qu’avec quelques mots-clés, j’ai peut-être assuré une visibilité à l’asso, mais aussi généré une discussion, débloqué un dialogue, facilité un échange.

Comment t’est venue l’idée de rejoindre l’équipe Prévention ?

Quand je faisais les opérations Rubans Rouges, j’entendais parler de ses actions et l’idée d’aller intervenir auprès des publics à risque (les jeunes, les HSH*, les foyers de jeunes travailleurs) me plaisait. Et je me sentais en phase avec l’approche de Solidarité Sida de ne pas être moralisateur. Nous commençons par lever les tabous autour de la sexualité en parlant de plaisir, avant d’aborder la prévention et l’importance du dépistage. Ce qui m’a motivé c’est le côté « on y va à la cool » et pas en mode « réprimandes ». L’autre point qui a fait que j’étais très intéressé, c’est qu’avec Solidarité Sida, nous sommes très bien formés. On ne nous jette pas dans la nature pour parler VIH et IST sans nous avoir formés préalablement. Avant de pouvoir intervenir comme « vrai bénévole Prévention » et d’avoir le droit de parler en action, nous suivons une formation sur le VIH et la sexualité au sens général. Nous sommes formés et encadrés. J’ai des potes qui sont bénévoles dans d’autres assos et qui interviennent sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas parfaitement. Solidarité Sida attache une importance particulière à la formation des bénévoles et aux connaissances transmises.

Depuis que tu es bénévole Prévention, à quelles actions as-tu participé ?

Je suis intervenu en Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT) et sur 2 Maraudes dans le Marais, et j’ai adoré ! Encore une fois, quand on porte des tee-shirts Solidarité Sida, on est toujours bien accueillis. Je pensais qu’aller parler de sexualité à la terrasse d’un café un samedi soir, alors que les gens sont là pour faire la fête et boire des bières avec leurs potes, cela serait difficile, j’ai découvert des gens super accueillants. Ils sont finalement demandeurs de dialogue et d’échanges sur telle ou telle pratique, ou sur des informations qu’ils n’ont pas. Ces 2 maraudes ont été pour moi bluffantes en termes d’accueil et d’échanges avec les gens. Sur ma 1ère maraude, nous étions avec les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. J’ai trouvé qu’elles apportaient à l’action beaucoup de légèreté et d’humour. Peut-être parce que c’était ma 1ère fois et que je pensais aller à la rencontre de gens réfractaires dans un contexte peu propice à parler de VIH, j’ai apprécié leur présence car elles créent un contact facile. Elles sont adorables et bienveillantes et j’avais envie de rester en permanence à côté d’elles (Rires). Au FJT, ce n’est pas le même public. Quand la population gay qui fréquente les bars du Marais est quand même relativement bien informée, les personnes que nous rencontrons en FJT sont généralement plus jeunes et peu ou pas informées. Là aussi, c’est hyper enrichissant d’essayer de lever les tabous pour parler pratiques et délivrer des messages de prévention sur comment vivre une vie sexuelle épanouie et « safe ». Sur toutes ces actions, les nouveaux bénévoles sont toujours accompagnés d’anciens qui transmettent leurs techniques et leur savoir afin de faciliter le contact ou répondre avec pertinence à des questions qui sont souvent posées avec beaucoup d’ironie. Quand c’est ta 1ère fois, tu peux être facilement décontenancé et le fait d’être avec un ancien est très rassurant.

Qu’est-ce que cela t’apporte personnellement d’être bénévole à Solidarité Sida ?

J’adore le fait de pouvoir rencontrer plein de gens de milieux très différents. À la prévention, notre leitmotiv c’est « aller vers » et travaillant dans la finance, cela me permet de rencontrer plein de gens que je ne rencontrerais pas dans mon quotidien.
Cet engagement m’apporte aussi des rencontres passionnantes avec des bénévoles qui ont les mêmes valeurs que moi. Nous sommes tous habités par le même état d’esprit et la même motivation. Nous avons en commun le sentiment de nous sentir un peu utiles à la société. On constate une baisse de la médiatisation autour du VIH, et plus globalement autour de la santé sexuelle, et pallier cela par un engagement auprès d’une association comme Solidarité Sida nous procure un sentiment de justice. Les valeurs de l’association : le non-jugement, le respect de l’autre sont hyper importantes et je me dis que par mon action, j’aide peut-être à développer la bienveillance et la solidarité chez les gens que je rencontre.

Qu’est ce que nous pouvons te souhaiter pour cette nouvelle année de bénévolat qui commence pour toi ?

J’adorerais pouvoir être bénévole à Solidays sur l’expo Sex In The City ! J’avais eu l’occasion de la visiter en tant que festivalier et également quand elle était place de la Bastille il y a quelques années. C’était avant mon engagement auprès de Solidarité Sida et l’approche décomplexée et sans tabou de l’équipe Prévention sur cette expo m’avait beaucoup marqué. L’idée de parler de sexualité complètement librement bien que sérieusement m’avait énormément plu. J’avais trouvé cela beaucoup plus efficace que d’être derrière un stand à distribuer des capotes en disant « Mettez une capote, le sida c’est dangereux. ».

*HSH : Hommes ayant des relations Sexuelles avec des Hommes