Depuis 10 ans, Delphine et Caroline, gérantes et créatrices de la boutique érotique Dollhouse, travaillent avec Solidarité Sida sur les questions de Prévention. Delphine nous raconte cette aventure.
Bonjour Delphine, pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Je suis la co-gérante et créatrice de Dollhouse avec Caroline. La boutique a ouvert il y a bientôt 11 ans. Dollhouse, est une boutique que nous avons voulue avec Caroline parce que nous ne trouvions pas de boutique qui parlait de sexualité simplement, et surtout parce que nous ne trouvions pas de produits sans aller dans un sex-shop glauque, comme il y en a beaucoup. La boutique se veut un espace de parole, de conseil et évidemment de produits autour de l’érotisme et de la sexualité.
Comment a commencé pour vous l’aventure avec Solidarité Sida ?
Elle a commencé assez rapidement puisque nous avons ouvert en 2005 et c’est depuis 2006 ou 2007 que nous sommes partenaires avec Solidarité Sida. Une personne de chez Solidarité Sida est venue visiter notre boutique et c’est en discutant que nous nous sommes dit que nous allions fournir des sextoys aux équipes Prévention pour qu’elles puissent en parler. Ensuite, nous avons eu la joie de découvrir les premières éditions de l’exposition Sex In The City… Nous sommes intervenues en leur disant : « Ce n’est pas possible ce que vous faites avec tout ce tulle » (rires). C’est un peu la blague entre nous cette histoire de tulle car ils utilisaient des mètres et des mètres de tulle sur lesquels ils posaient les sextoys. Nous les avons aidés à imaginer quelque chose d’un peu plus structuré et c’est comme cela que nous nous sommes retrouvées à intervenir sur chaque événement pour les aider à décorer et à mettre en scène les sextoys en créant un environnement qui parle un peu plus d’érotisme.
Et donc quel est votre rôle sur Solidays ?
Nous sommes conseil en décoration sur l’exposition Sex In The City, mais pas seulement puisque nous sommes dans une logique de partenariat à l’année avec Solidarité Sida. Notre intervention consiste à fournir les sextoys pour Sex In The City, mais également pour les actions de prévention que l’association réalise tout au long de l’année dans le Marais et en milieu festif. Nous démarchons donc nos fournisseurs pour avoir des sextoys, des dildos et des vibros, mais également des capotes et des gels. Ensuite, nous organisons chaque année une ou deux sessions pour former les bénévoles Prévention aux différents produits, parler avec eux de plaisir, leur faire part des retours que nous avons de nos clients et compléter ainsi la formation sur la maladie et l’anatomie qu’ils reçoivent de Solidarité Sida. Enfin, nous sommes en effet là pour apporter les produits et aider à la mise en place du « Palais des Plaisirs » sur Sex In The City. Nous essayons toujours de passer pour faire un coucou et voir deux ou trois concerts, voir comment les festivaliers réagissent et évoluent dans l’exposition, comment ils se servent des produits qui sont en démonstration. Cela nous permet de constater si tout fonctionne et d’imaginer comment faire évoluer l’exposition et faire encore mieux la prochaine fois. Nous ne restons en général pas très longtemps parce que le festival tombe toujours sur un week-end très chargé pour nous puisqu’il y a également la Gay Pride et que notre boutique est située dans le Marais. Et puis nous passons aussi à Solidays pour faire des bisous à tous les bénévoles Prévention que nous adorons et qui sont un peu comme nos enfants (rires).
Il y a donc une vraie pensée commune entre Solidartié Sida et Dollhouse autour de l’idée qu’il est important d’aborder la prévention sous l’angle du plaisir ?
Nous nous sommes en effet totalement retrouvés avec Solidarité Sida autour de l’idée que pour parler de prévention, il faut d’abord parler de plaisir, d’où l’interactivité qu’il y a sur le parcours de Sex In The City qui est vraiment géniale. C’est vraiment très bien élaboré puisqu’on parle d’abord de plaisir pour ensuite parler de sexualité et donc prévention et contraception. Nous avons la même façon de fonctionner et cela nous a paru logique de travailler ensemble.
Vous avez donc une logique de pédagogie avec vos clients quand vous leur vendez des sextoys ?
Nous en parlons à nos clients, mais nous n’en parlons pas systématiquement car nous sommes vraiment dans une logique de conseil personnalisé. Quelqu’un qui nous dit : « Je vais aller en soirée » ou en tout cas qui va utiliser ses sextoys pour s’amuser ou parce que la personne a une sexualité assez libre et des aventures à droite à gauche, c’est évidemment un des premiers points que nous allons aborder avec elle. Maintenant quand nous vendons un sextoy à une personne pour une initiation et que cette personne ne souhaite absolument utiliser son sextoy avec quelqu’un d’autre ou uniquement dans son couple, nous n’allons pas lui dire qu’il faut mettre un préservatif sur son sex-toy. Comme nous parlons vraiment avec chaque client, nous arrivons à cerner la personne et à adapter notre discours de prévention et de nettoyage des sextoys en fonction. De conseiller aussi éventuellement de ne pas utiliser le sextoy vaginal/ anal/ anal/ vaginal, de bien nettoyer son sextoy s’il y a plusieurs partenaires… C’est super important pour nous de mettre l’accent sur l’hygiène et la prévention.
Cette édition c’était Solidays of Love, qu’est-ce que cela vous a évoqué ?
Je pense que c’est primordial d’arriver à parler malgré tout d’amour. C’est à dire qu’on parle de prévention, de sexualité mais c’est important de parler aussi d’amour, et pas seulement de « faire l’amour », mais d’amour dans l’absolu. Nous n’avons malheureusement pas pu revenir à Solidays après l’installation cette année, mais tous les retours que nous avons eus étaient incroyables. Tout le monde s’est pris un shot d’amour énorme.
Crédit photo : ©CelineNieszawer