Tout juste âgé de 18 ans, Mathieu s’est engagé comme bénévole à Solidarité Sida, il en a aujourd’hui 34. À la veille de sa 16ème édition, il nous raconte comment de « simple bénévole », il est devenu chef d’équipe de l’équipe Propreté, et pourquoi il n’est pas prêt de raccrocher.

Bonjour Mathieu, peux-tu te présenter rapidement ?

J’ai 34 ans, je suis infirmier en réanimation et je suis bénévole à Solidarité Sida depuis 16 ans.

Comment l’aventure à Solidarité Sida a commencé pour toi ?

J’avais un très bon ami dont la maman nous invitait à pas mal d’événements et j’ai toujours été intéressé par l’envers du décor. Je voulais donner de mon temps et pas juste profiter. J’ai commencé par m’engager comme bénévole pour les Nuits du Zapping. Faire Solidays a été un peu plus compliqué car mes parents étaient inquiets à l’idée que j’aille en festival. Quand j’ai eu mon bac, ils m’ont laissé y aller en tant que festivalier. J’ai vraiment adoré et l’année d’après je l’ai fait en tant que bénévole. J’ai commencé directement dans l’équipe Propreté. C’était une équipe qui était mal-aimée, dans laquelle personne ne voulait aller. La 1ère année, je ne connaissais personne et je me suis surinvesti. J’ai rencontré beaucoup de monde dont des personnes de la Propreté de Paris qui étaient très sympas et très contentes de voir des petits jeunes leur donner un coup de main sans rechigner. J’ai très vite été dans les petits papiers des chefs d’équipe de l’époque et ils m’ont rapidement proposé de passer assistant chef d’équipe. Quand l’un des chefs d’équipe est parti, il m’a recommandé pour le remplacer. Cette année, ce sera mon 16ème festival en tant que bénévole et mon 8ème comme chef d’équipe.

En quoi consiste exactement l’équipe Propreté ?

Nous nous occupons principalement du ramassage des déchets au sol pendant le festival.

Depuis quelques années déjà, nous nous sommes également mis sur le tri sélectif avec Alexandrine, la responsable développement durable de Solidays. À l’époque, c’est Eco-emballages qui avait amené cette idée de développement, nous avait donné des moyens pour la mettre en œuvre et qui avait formé les bénévoles de l’équipe au tri sélectif. Cela s’était fait en lien avec la Propreté de Paris pour qu’ils nous débloquent des moyens, comme des colonnes à verre, des bacs jaunes pour pouvoir emmener directement les déchets en centres de tri après le festival.

Nous faisons également un peu de ménage au Club Solidays, à l’Espace Presse et dans d’autres espaces du festival. J’ai une équipe dédiée au tri sélectif qui va en amont du festival à la rencontre des buvettes et des concessionnaires restaurateurs pour leur donner les consignes de tri et leur donner des sacs jaunes pour qu’ils puissent jeter les cartons, les bouteilles en plastique et les canettes en aluminium.

Nous avons également une équipe Camping qui aide les bénévoles Camping au placement des campeurs le vendredi matin et qui intervient ensuite de 9h à 16h pour nettoyer l’espace afin que les campeurs passent un séjour dans les meilleures conditions de propreté. Elle fait aussi de la sensibilisation au tri sélectif et au maintien du site propre en incitant les campeurs à rassembler et jeter leurs déchets à la poubelle. Elle leur indique les consignes de tri, où se trouvent les poubelles, cendriers et autres dispositifs permettant d’éliminer facilement leurs déchets.

L’équipe Propreté travaille également en backstage pour maintenir la propreté sur toute la zone et au QG Volontaires.

C’est une équipe qui a beaucoup évolué avec des missions de plus en plus pointues. Le fait d’avoir eu une expérience « petit bénévole » m’a toujours permis de garder un contact avec la réalité et le terrain. Je sais quels sont les horaires et les zones les plus difficiles et cela me permet de mieux coordonner les gens, de bien comprendre les problématiques auxquelles ils sont confrontés. Nous arrivons ainsi à conserver le côté ultra convivial et humain de cette équipe. Quand tu lis ta fiche de poste, tu peux te dire « dans quoi je me suis engagé ? », mais quand tu finis ton festival, tu as mal au dos mais tu es super content et tu as vraiment profité de tes 3 jours. Enfin, c’est une équipe très valorisante car les festivaliers viennent souvent nous voir et discuter avec nous. Ils sont très reconnaissants du travail que nous effectuons et nous avons souvent des échanges très drôles avec eux.

C’est une équipe de combien de personnes ?

Quand j’ai commencé nous étions 70 et nous sommes maintenant 150. Cela s’explique par le fait que le festival n’a fait que croître en volume. C’est un bon nombre pour rendre les bénévoles en état à leurs parents ! (Rires) C’est en effet une équipe où l’on marche beaucoup, où l’on ramasse des déchets au sol (c’est à dire que l’on se penche et que l’on s’agenouille toute la journée). C’est assez fatiguant mais on est sur site toute la journée et on peut profiter de l’ambiance du festival même quand on travaille puisqu’on est mobiles sur le site. Les bénévoles de l’équipe Propreté sont répartis en plusieurs sous-équipes qui quadrillent tout le site, divisé en petites zones. Ils travaillent 6h par jour en moyenne entre 9h et minuit. Ils peuvent donc parallèlement vraiment profiter du festival, ce qui est un des gros points forts de cette équipe.

Tu as un métier difficile, qu’est-ce que cela t’apporte d’être bénévole depuis toutes ces années ?

Cela m’apporte de la reconnaissance car notre travail est énormément valorisé. Cela me fait du bien et cela me sort un peu de mon quotidien. Et surtout, cela m’apporte de merveilleuses rencontres très enrichissantes. Cette année, le plus âgé de notre équipe a 48 ans et le plus jeune 18. Cela m’a permis de rencontrer des personnes de tous les milieux sociaux-culturels et de tous les horizons. Nous avons des petits jeunes qui viennent de quartiers défavorisés et des petits bobos parisiens, ce mélange est hyper enrichissant et c’est génial de faire se côtoyer tout ce beau monde. Nous avons même déjà eu des étudiants étrangers. Du fait que je suis aussi « ancien », je connais le festival comme ma poche et je connais beaucoup de monde. Dès que j’ai un souci, je sais à qui m’adresser et je peux donner des conseils aux bénévoles de mon équipe pour passer un bon moment.

Donc après 16 ans d’engagement, toujours pas de lassitude ?

Quand j’ai changé de poste, j’ai précisé lors de l’entretien à mon supérieur qu’il y avait deux choses importantes pour moi : mon stage d’arts martiaux et Solidays et qu’il faudrait me libérer pour ces deux événements chaque année. Il n’y aura pas grand chose qui pourra me faire manquer Solidays, sauf peut-être le fait de me diriger vers d’autres fonctions… sur le festival !