Avec la création de Solidarité Sida il y a plus de 20 ans, Luc Barruet voulait faire rimer générosité et efficacité. Mission accomplie. Près de 3 millions de jeunes ont déjà participé aux initiatives de Solidarité Sida et près de 1 400 programmes d’aide aux malades et de prévention ont été soutenus dans 31 pays. Militant créatif et enthousiaste, animateur hors pair, Luc détonne par sa normalité et son pragmatisme à toute épreuve. À la veille de la 18ème édition du festival Solidays, il ouvre une nouvelle page de l’aventure.

Cette année, Solidays est placé sous le signe du « Summer of love », pourquoi ?

Luc Barruet : Après l’onde de choc du 13 novembre, l’idée de mettre davantage en avant la jeunesse a fait son chemin petit à petit. Par respect, par envie, mais aussi par engagement. Puis, nous nous sommes rappelé qu’à San Francisco en 1967, un rassemblement de jeunes idéalistes s’était formé spontanément. Ils réclamaient la fin de la guerre au Vietnam et une solidarité plus importante entre les communautés. Ces jeunes ont décidé d’occuper le Golden Gate Park. Tout le monde les a d’abord pris pour des hurluberlus, mais le mouvement s’est amplifié semaine après semaine. À la fin de l’année scolaire, des centaines de milliers d’autres jeunes les ont rejoint. L’utopie de certains a débouché sur un mouvement devenu sociétal qui a dépassé tout le monde. Un mouvement qui se voulait à la fois générationnel, populaire et militant au travers de la défense de valeurs humanistes. Ainsi est né le fameux « Summer of love » californien. Bien évidemment, il a ensuite généré la mouvance hippie « flower power », mais s’en faire l’écho n’est pas notre objectif. Certes, il y a quelques fleurs sur l’affiche mais nous n’avons pas l’intention de transformer Longchamp en Woodstock 2.0, même si le clin d’œil est amusant. L’idée est plutôt de faire le parallèle entre Longchamp et le Golden Gate Park, de rappeler, comme nous le croyons à Solidarité Sida, qu’un rassemblement de jeunes peut générer des avancées significatives dans la défense d’un monde meilleur.

Quelles sont les nouveautés 2016 ?

 Solidays fait peau neuve. Le camping déménage pour s’installer à la lisière du bois de Boulogne, le Village Solidarité traverse la piste pour s’installer sur l’ancienne pelouse de la scène Bagatelle, des expos photos fleurissent dans les allées de Longchamp et de nouvelles scènes font leur apparition. Un kiosque, comme il en existe dans les jardins parisiens,  sera même installé pour accueillir des musiciens de rue. La détection de ces talents a déjà commencé. Bref, le festival s’agrandit de 5 hectares dédiés à la musique, à la convivialité et à l’éveil des consciences.

Puisqu’on parle de musique, quels sont vos coups de cœur cette année ?

Si j’étais festivalier, je crois que j’adorerais déambuler dans les allées de Longchamp à la découverte d’artistes moins connus ou que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir sur scène. Il est clair que cette année, je ne raterai pas la performance de The Quemists qui, selon moi, devrait être une des sensations du week-end. Je serais également pressé de découvrir Jain dont j’apprécie particulièrement la fraîcheur mélodique. Lors du Gala Solidarité Sida organisé au Cirque d’Hiver, je suis tombé sous le charme d’Angélique Kidjo. La femme, l’artiste, la militante forment un cocktail détonnant que je vous invite à découvrir en live. Quelle soit humaine ou musicale, la curiosité est une qualité nécessaire pour s’ouvrir au monde. Alors, soyeux curieux et partez à la rencontre de cette belle et éclectique programmation 2016 !

Vous avez l’habitude de dire que « Solidays est un outil contre le sida ». Qu’en attendez-vous cette année ?

C’est vrai. Il nous sert à récolter des fonds pour aider ceux qui souffrent, à rappeler un certain nombre de messages sur la sexualité à moindre risque, à rendre hommage à des militants du monde entier et à mobiliser l’opinion publique en faveur de la défense des droits des malades. Cette année, l’enjeu majeur est le maintien de la contribution française au Fonds mondial sida, tuberculose, paludisme. Que ce soit au travers de la visite de leaders politiques, peut-être même de celle du Président de la République, j’espère vraiment que Solidays contribuera directement ou indirectement à ce que la France garde son rang de 2ème contributeur au Fonds mondial. Ce serait une grande satisfaction pour les militants que nous sommes. De nombreux malades comptent sur nous. C’est une lourde responsabilité.