La France est un membre fondateur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Alors qu’elle doit se prononcer sur sa contribution à ce Fonds pour les 3 prochaines années, Mark Dybul, son Directeur exécutif, nous explique les raisons de sa venue à Solidays et pourquoi la France doit maintenir son soutien au Fonds mondial.
Dans quelques jours vous participerez pour la première fois à Solidays, pourquoi ?
Solidarité Sida est un partenaire de longue date du Fonds mondial, et son soutien est indispensable au succès de notre action. Nous travaillons étroitement ensemble, tout comme avec un grand nombre d’associations françaises, pour promouvoir la lutte contre le sida. Nous sommes partenaires de Solidays depuis le premier projet d’exposition multimédia Renaître à la Vie en 2009 sur le site du festival. En juin 2013, à l’occasion de notre précédent cycle de reconstitution des ressources, Solidarité Sida a mené la campagne Médicaments pour Tous, une grande action de mobilisation publique et un appel au Président de la République, sur la contribution française au Fonds Mondial. Solidays est un évènement extrêmement important car il permet d’éveiller les consciences aux enjeux du sida et de la solidarité internationale, et de rendre hommage aux militants en donnant une résonnance médiatique à leur lutte. C’est aussi un moment particulier car il nous permet de sensibiliser plus particulièrement les jeunes sur ces questions et de favoriser leur engagement, sans lequel nous ne pourrons pas remporter la bataille.
Quelles avancées dans la lutte contre le sida ont été réalisées grâce au Fonds mondial ?
Le nombre de décès liés au sida a diminué de plus de 40% dans les pays où nous investissons, passant de 2 millions en 2004 à 1,1 million en 2014. Le traitement antirétroviral est désormais accessible à plus de 40% des personnes touchées, contre seulement 4% en 2005. Les investissements du Fonds mondial ont permis à des millions de familles et de communautés du monde entier d’avoir accès à une meilleure qualité de vie, et ont contribué à sauver 17 millions de vies depuis 2002. Nous sommes en passe de réussir à amener ce chiffre à 22 millions de vies sauvées d’ici la fin de l’année 2016. Nos investissements ont aussi joué un rôle de catalyseur, en encourageant les pays touchés à investir davantage dans la lutte contre le sida et dans la santé de manière générale. Les financements nationaux représentent aujourd’hui plus de la moitié des sommes consacrées aux programmes de lutte contre le sida, et cette part augmente chaque année.
Grâce au travail de tous nos partenaires, nous sommes aujourd’hui à un tournant clé de ce combat, mais nous ne pouvons pas nous permettre de relâcher nos efforts. Le Fonds mondial a donc mis au point une stratégie qui met en avant l’accès aux soins, avec pour objectif de réduire les obstacles liés aux inégalités de genre et aux droits de l’Homme qui entravent l’accès aux services de santé. Nous réorientons progressivement nos investissements vers des programmes axés sur les droits de l’Homme et la société civile, qui répondent aux besoins des populations les plus affectées, comme la communauté LGBTI, les professionnels du sexe ou les consommateurs de drogues injectables, afin d’être sûrs que personne ne soit laissé de côté.
La France doit se prononcer prochainement sur sa contribution au Fonds mondial, quel message souhaitez-vous adresser ?
La France est un membre fondateur du Fonds mondial et a été un acteur majeur de notre partenariat depuis le début. Elle est à ce jour notre deuxième contributeur international, le premier au niveau européen, et sa contribution par habitant est la plus importante de tous les pays du G7. Nous n’aurions pu accomplir tous ces progrès sans la France, et il est extrêmement important qu’elle conserve sa place de leader politique et scientifique dans la lutte contre le sida. Son soutien est essentiel pour nous permettre d’atteindre notre objectif de 13 milliards de dollars US pour la période 2017-2019. Si nous parvenons à réunir ces fonds, nous serons en mesure de sauver 8 millions de vies supplémentaires et serons en bonne position pour atteindre l’Objectif de Développement Durable d’éliminer l’épidémie de sida d’ici 2030. Les trois prochaines années vont être décisives : si nous agissons maintenant, ensemble, nous pouvons accélérer la tendance actuelle et enfin prendre l’ascendant sur cette épidémie. C’est pour cela que Solidays est aussi important : c’est le plus grand rassemblement de la jeunesse autour de la lutte contre le sida en France, et le soutien de chaque militant, chaque bénévole, chaque festivalier est essentiel si nous voulons enfin vaincre cette maladie.