Chaque année, les fonds récoltés à Solidays permettent à Solidarité Sida de mettre en place des actions de prévention et de soutenir les malades dans plus de 20 pays. Plusieurs fois par an, l’équipe du service Programmes Santé & Solidarité de Solidarité Sida part à la rencontre des associations partenaires soutenues. Avril et Aude reviennent d’une mission en République du Congo. Elles nous racontent.

Vous revenez de Brazzaville où vous avez effectué du suivi de projet auprès de l’Association Serment Universel. Pouvez-vous nous présenter cette association partenaire ?

Aude : Cette association a été créée en 1998 avec pour objectif d’assurer la prise en charge des personnes en souffrance psychologique et/ou en détresse sociale après la guerre civile du Congo en 1997. Les premières actions de l’ASU étaient centrées sur la prise en charge des enfants traumatisés de guerre et l’accompagnement des femmes victimes de viol. Son intervention actuelle est centrée sur le soutien psycho- social des personnes vivant avec le VIH (PVVIH), l’accompagnement psychologique des malades chroniques, le conseil conjugal aux couples en difficulté et les formations des équipes soignantes sur la prise en charge psychologique des PVVIH. Elle a également une ligne d’écoute, à l’image de celle de Sida Info Service en France. L’association est parfois sollicitée par le gouvernement lors de crises sanitaires comme la grippe aviaire ou Ebola. Les équipes sont alors formées pour répondre sur des thématiques particulières et délivrer un certain nombre de messages de prévention aux appelants.

Quel est le projet soutenu par Solidarité Sida ?

Aude : Solidarité Sida soutient un projet de dépistage et de prise en charge de femmes enceintes ou allaitantes séropositives, ainsi que de leurs nouveaux nés. L’association travaille également depuis plusieurs années à l’implication des conjoints. La grossesse et la naissance ne concernent en effet pas uniquement les mères ! L’ASU dispose d’un centre, basé à Dolisie, une autre ville importante de la République du Congo, située à quelques heures de route de Brazzaville. Dans cette région (le Niari), le taux de séroprévalence est de 4,4%. Grâce à ce centre, ce sont près de 3 000 femmes enceintes qui sont dépistées et orientées chaque année. L’équipe accompagne aussi une centaine de femmes séropositives avec leurs conjoints et enfants.

L’association intervient-elle dans d’autres régions du pays ?

Aude : L’association mène en effet des actions dans quatre départements du pays (Brazzaville, le Niari, la Bouenza et Sangha). Nous avons assisté à certaines des actions menées à Brazzaville, notamment auprès d’adolescents séropositifs et de leurs parents. Il s’agit de groupes de parole visant à apporter un soutien psychologique aux personnes infectées et affectées. L’association mène également des actions à destination d’enfants. Avril a assisté à un groupe de parole avec des adolescent.e.s et moi, à un groupe de parole avec des adultes.

Comment se sont passés ces groupes de parole ?

Avril : Dans le groupe des adolescents, la plupart étaient séropositifs de naissance (très peu ont été contaminés au cours de rapports sexuels) et beaucoup sont orphelins de père et/ou de mère. Il s’agissait donc de personnes très informées sur la question du VIH et très responsabilisées (certains sont déjà chefs de famille). L’ASU a accompagné nombre d’entre eux depuis qu’ils sont enfants, notamment en finançant leurs frais de scolarité : certains sont à l’université grâce au soutien de l’association. Ils étaient tous très préoccupés car, l’accès aux antirétroviraux (traitement) est très compliqué dans le pays, et ce depuis plusieurs années, avec des ruptures d’ARV à répétition, ce qui plongent les patients et les équipes dans des situations dramatiques. Les adolescents m’ont expliqué que l’association est un endroit où ils se sentent bien, que c’est un peu leur maison. Ils savent qu’ils peuvent y parler librement, sans crainte du regard des autres, et être compris.

Aude : Du côté des adultes, les discussions ont essentiellement tourné autour de l’accès aux médicaments. Il est vital pour les patients d’accéder au traitement de façon régulière. Au cours du dernier mois, l’ASU a enregistré 5 décès (contre dix en un an, en 2016) ; une situation contre laquelle les patients, comme les équipes, continuent de se battre.

Avril : En participant à ces groupes de parole, Aude et moi sommes arrivées à la conclusion que le travail d’accompagnement psycho-social de l’ASU reste primordial car les liens créés avec les patients leur offrent un cadre de confiance et d’écoute nécessaire pour affronter les difficultés du quotidien.